A l’origine de la mise au point de la technique du « ganglion sentinelle » en France, le Docteur Claude Nos, chirurgien de renommée internationale a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à mes questions sur sa technique qui facilite la vie au quotidien des femmes opérées d’un cancer du sein.
Claude, peux tu te présenter ?
J'ai 46 ans, je suis chirurgien cancérologue et diplômé en reconstruction mammaire. Je travaille à l'Institut du Sein-Paris ainsi qu’à l’hôpital Georges Pompidou. J’ai également travaillé pendant dix ans à l’Institut Curie où j’ai justement développé cette technique du ganglion sentinelle à partir de 1997. Cela a donné lieu à une dizaine de publications de référence internationale. Il faut cependant noter que la technique existait déjà aux USA depuis 1994.
Alors, oui effectivement, l’Institut Curie a été grâce à toi le premier centre à mettre en œuvre la technique du ganglion sentinelle. Peux tu expliquer en quoi cela consiste ?
La technique du ganglion sentinelle permet d’éviter un curage axillaire. On injecte un produit « marqueur » dans la tumeur avant l’opération. Il s’agit soit d’une substance « radio-active » émettant un rayonnement, soit d’un colorant bleu ou quelquefois, l’association des deux. Ce ou ces produits parcourent le système lymphatique et se concentrent dans le ou les premiers ganglions qui drainent la tumeur. Ce sont les ganglions dits « sentinelles ». Il est alors facile pour le chirurgien de les repérer et ainsi de les prélever. Une première étude est faite en temps réel, pendant l’opération. Le chirurgien peut donc savoir dès le bloc opératoire, pendant que la patient est encore sur la table d’opération, s’il existe ou pas un envahissement manifeste de ces ganglions. Bien sûr, une analyse plus longue et plus précise est faite au cabinet de l’anatomopathologiste pour confirmer et préciser l’éventuelle atteinte ganglionnaire. Cette dernière analyse demande 10 à 15 jours.
Quels sont les bénéfices que les femmes peuvent tirer de cette technique ?
Ils sont très importants. Tout d’abord, le temps d’hospitalisation. Il est plus court que lors d’un curage axillaire. Les femmes sont par ailleurs moins gênées pour mobiliser leur bras dans les suites opératoires. Il n’est généralement pas nécessaire de faire une rééducation particulière. Et surtout, il y a un risque minime de séquelles, plus de crainte du « gros bras ».
C’est vrai et j’ai pu le constater cette technique n’est pas applicable à toutes les femmes ?
Exact. La technique du ganglion sentinelle est réservée aux femmes dont la tumeur est toujours en place et dont la taille ne dépasse pas 30 mm. Il faut également que le chirurgien ne retrouve pas au moment de son examen clinique de ganglion palpable dans l’aisselle.
Les femmes qui ont déjà été opérées au niveau de l’aisselle (chirurgie esthétique par exemple) ne peuvent pas non plus bénéficier de cette technique.
Alors, tu as parlé des avantages de ta technique mais il y a aussi des inconvénients ?
Oui. Cette technique peut mener à une chirurgie en deux temps. Si à l’étude approfondie de l’anatomopathologiste, le ou les ganglions sentinelles retirés lors de l’intervention se révèlent atteints, les patientes devront être ré-opérées pour subir un curage axillaire. Ce risque de chirurgie en deux temps est de l’ordre de 15%.
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